⚠Attention, cette critique contient des spoilers de… toute la série
Qui ne connaît pas le célèbre canard le plus riche du monde, Balthazar Picsou, en français, Scrooge Mcduck en anglais, ou 史高治·麦克老鸭 en Chinois. Il est le propriétaire de 3000 mètres cube d’argent liquide, et d’un sou fétiche numéro 1. Cette légende vivante a été inventée par Carl Barks en 1947, dans « Noël sur le mont ours » et a, depuis, de nombreuses bandes dessinées, magazines et séries télévisées lui étant dédié. Parmi ces séries télévisées, se trouve « La Bande à Picsou » de 1987. Une nouvelle série au même titre est récemment sortie, en 2017. Super ? Peut-être, mais que vaut exactement cette réadaptation ?
Synopsis
Les triplés à peu près aussi mythiques que leurs oncles, Riri, Fifi et Loulou (Richard, Firmin et Louies, pour l’anecdote) sont gardés par leur riche et froid oncle Picsou , durant quelques heures, le temps que leur autre oncle, Donald, qui les a élevés, va passer un entretien d’embauche. Le riche canard est connu pour avoir été un grand aventurier lorsqu’il était jeune. D’abord, il ne veut pas des trois neveux, mais au bout d’un après-midi passé à combattre un dragon à leurs côtés dans le garage, se rend compte que l’aventure lui manque et décide de les garder chez lui (et il emporte Donald, aussi, du coup) Tous ensemble, ils vont vivre de très nombreuses aventures, accompagnés de la petite-fille de la gouvernante (En fait, Picsou avait besoin d’une nounou pour lui même avant qu’il y ait des enfants dans la maison)
Des graphismes originaux
La première chose que vous allez remarquer, en regardant « La Bande à Picsou » de 2017, ce sont les graphismes. Les dessins très traditionnels que l’on trouve dans les comics et la série de 1987 sont remplacés par des graphismes plus modernes, ressemblant à « Souvenirs de Gravity Falls » ou à « Hilda ». On ne peut évidemment pas dire qu’ils sont méconnaissables, à part pour certains personnages (je pense à toi, Gripsou) En voyant ces graphismes, on pense tout de suite à ces séries hyper-débiles à l’animation hyper-rapides destiné aux très jeunes enfants, pourtant dans « La Bande à Picsou » l’animation est plutôt lente. On va tout de même reconnaître que ce nouveau style de dessin va très bien à Donald.
Modernisation
Le but de la série est très clairement de moderniser un peu les canards. C’est plutôt une bonne chose parce que, bon, les stéréotypes ultra-racistes et ultra-sexistes de la série de 1987, ça va bien. Par exemple, certains personnages comme Gérard Mentor ont changé de couleur de plume, et les filles ne sont plus aussi stéréotypées. Zaza, la petite-fille de la gouvernante en est un bon exemple : Dans la première série : Une petite fille craintive, avec un gros nœud rose, se trimballant toujours avec sa poupée et pleurnichant pour un oui ou pour un non tandis que les garçons ne veulent pas jouer avec elle. Dans la série de 2017 : une petite fille certes naïve, mais pleine de vie, courageuse et combative (et dangereuse, mine de rien) qui n’abandonne jamais et qui n’a pas de poupée. Il en est de même pour Miss Frapp la secrétaire de Picsou, qui a été remplacé par une archiviste qui zigouille les gens au sabre s’ils ne triomphent pas de « ses épreuves ». C’est très bien pour les modèles féminins que ça propose aux enfants, mais niveau diversité de caractères, c’est pas tout à fait ça…
Riri, Fifi et Loulou
L’un des points majeurs de cette série est la manière dont elle aborde les personnages de Riri, Fifi et Loulou, qui sont d’ailleurs bien les héros principaux de la série, contrairement à dans la série originale. Ici, les triplés ne sont plus « une entité » exactement semblable, qui se finissent les phrases les uns les autres. Ce sont bien trois personnes différentes, et très différentes.
Toutefois ces caractères différents sont basiques : On a l’intello sympa, le fonceur batailleur et le voyou fainéant. Oui, leurs trois caractères tiennent chacun en deux mots. Ces personnalités sont nettement moins complexes que leur caractère commun d’autrefois, mais on ne va pas se plaindre non plus de la nouvelle image donnée aux triplés, dans leurs ensembles, de cette manière.
Les personnages infidèles.
La modernisation des personnages est une très bonne chose pour certains qui étaient vraiment trop stéréotypés. Toutefois, elle n’était pas nécessaire pour d’autres ! Pourquoi faire de Géo Trouvetou un énervé taré sur le bord ? Pourquoi rendre Gripsou tellement débile ? Ils n’étaient pas stéréotypés, eux ! Il n’y avait aucune raison de les transformer en une version affadie d’eux-mêmes. (mention spéciale pour Gripsou qui me fait quand même bien rigoler, malgré tout.) Et tout ça, c’est sans parler du problème majeur de la série, dont on parlera à la fin de l’article.
Le scénario.
Quand tu commences la série, tu te rends bien compte qu’il y a un fil conducteur, une intrigue plus profonde, concernant notamment des conflits familiaux, et la mère des triplés : Della Duck. Ce mystère est très bien ficelé. La série contient son lot de moment très émouvant (fin de l’épisode 23)ou haletant, comme le final de la saison 1. Les deux derniers épisodes de la saison 1 sont d’ailleurs des pépites que je ne vais pas vous spoiler. Vu que ce sont les meilleurs épisodes de la série. La série contient malgré tout de nombreux épisodes assez ennuyeux, prévisibles et sans intérêts, surtout dans la saison 1. La saison 2 est légèrement plus intéressante, au niveau des scénarios des épisodes, à mon goût. La saison 3 est par contre un peu bordélique : On essaye d’en finir avec le nombre incroyable de personnages qu’on a introduit, de leur trouver une place. La fin n’est pas très intéressante. D’ailleurs, plusieurs intrigues restent en suspens. Ainsi la plupart des épisodes sont extrêmement vides, sans cette humour plutôt réussi on lâcherait vite. Pourquoi ces quêtes épiques aux quatre coins du monde sont-elles aussi insipides, contrairement à celles des BDs ou même de la série de 1987 (qui était certes, prévisible) Et bien la réponse tient en un paragraphe…
Le problème Picsou
Le problème majeur de la série, d’après moi, ben c’est le personnage qui est dans le titre : Picsou ! J’imagine que même si vous ne lisez pas de bande-dessinées Disney vous avez une idée du personnage : Un vieil avare extrêmement riche, colérique mais finalement plutôt sympa et qui cache à tout prix ses sentiments. Le personnage qu’a inventé Carl Barks, qu’a approfondi Don Rosa, qui a de nombreux magazines dédiés dans le monde, c’est LUI. Or, dans cette série ce n’est PAS lui. Parce qu’il lui manque son trait numéro 1 de personnalité : l’avarice. Déjà, l’argent est étonnamment peu mentionné. On voit très peu le coffre-fort, on voit très peu Picsou nager dedans. Loulou est plus avare que lui ! Picsou ne fait pas tant d’histoire pour son argent, dans l’épisode 4, un personnage dit « ha bha Picsou, j’ai utilisé votre carte de crédit pour acheter une montagne de trucs inutiles. » comment réagit Picsou ? Eh bien il ne réagit PAS ! Le Picsou que je connais aurai piqué une crise vu qu’en plus, un autre de ses traits de caractère « colérique » normalement (comme la plupart des canards disney) !! il est même présenté comme dépensier dans l’épisode suivant dans lequel on apprend qu’il achète de très nombreux artefacts contre les malédictions. Et c’est pour ça que les histoires des épisodes ordinaires paraissent aussi creuses : ils partent dans une quête pour… rien ! Le but n’est même pas de se faire un peu de thunes ou de sauver sa fortune de bandits ! Non ! Le but c’est de partir un peu à l’aventure pour s’amuser. Ils ont de la chance qu’il leur arrive des trucs, sinon ils s’ennuieraient sacrément. Et encore, ça c’est dans la saison 1 ! après c’est pire ! On le voit de moins en moins, il ne s’énerve jamais, il donne des leçons de sagesse en buvant son thé, plutôt que de compter son argent comme il le fait normalement. Et on voit vraiment très peu Picsou pratiquer son sport favori. Picsou n’est pas le canard le plus riche du monde, dans cette série. C’est « le plus grand aventurier de tous les temps » Picsou, n’est pas Picsou, dans cette série. Et je trouve que ce point-là à lui tout seul suffit à gâcher la série toute entière.
Conclusion
La Bande à Picsou de 2017 fait très bien son boulot de réadaptation. Ce n’est plus ni raciste ni sexiste ce qui est un exploit quand on parle de canards Disney. Le scénario des épisodes de tout les jours est classique. Ce sont les mêmes petites histoires que l’on retrouve à peu près dans toutes les séries pour enfant. Le scénario sur la longue durée est plus intéressant et original, son point faible étant que quand on a parlé d’un personnage, on l’oublie presque après. Miss Tick est la grande méchante pendant deux épisodes, puis elle ne fait plus rien d’intéressant. Della revient de la lune… puis elle ne fait plus rien d’intéressant non plus. Malgré tout, la série est assez drôle et comporte des répliques que nous ne sommes pas près d’oublier. La deuxième principale faiblesse de la série se trouve dans certains personnages, peu fidèles à eux-mêmes sans excuse de politiquement correct. En fait, on devrait renommer cette série : « La bande à Riri, Fifi et Loulou », tout simplement.
Écrit par : Mélisse🐝
Sources : Wikipedia, La Bande à Picsou
crédit photo :
Photo N°1 : https://www.molotov.tv/fr_fr/p/48700-49/la-bande-a-picsou–bienvenue-a-canardville
Photo N°2 : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Bande_%C3%A0_Picsou_(s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e_d%27animation,_2017)
Photo N°3 :https://picsou.fandom.com/fr/wiki/Donald_Duck_(La_Bande_%C3%A0_Picsou,_s%C3%A9rie_de_2017)
Photo N°4 :https://risibank.fr/media/56177-disney-picsou-other-mpju-fifi-loulou-donald-riri-zaza
Photo N°5 :https://picsou.fandom.com/fr/wiki/Balthazar_Picsou_(La_Bande_%C3%A0_Picsou,_s%C3%A9rie_de_2017)