Struck comment foudroyer sa réputation en un éclair: critique
Struck comment foudroyer sa réputation en un éclair: critique

Struck comment foudroyer sa réputation en un éclair: critique

⚠Avertissement ! Cet article contient quelques spoilers du livre « Struck comment foudroyer sa répuation en éclair » et donc sûrement aussi du film. DE PLUS il s’agit d’une critique d’un roman pour adolescents, assez cynique en plus, ainsi quelques points du scénario peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes👶

Struck (struck by lightning en anglais, ne posez pas de questions sur la logique) est un livre écrit par Chris Colfer sorti en 2013. (Il y a aussi un film, mais je ne l’ai pas vu. )

Il s’agit du journal intime de Carson Philips, lycéen ambitieux. En effet il a un grand rêve : Devenir rédacteur en chef du New Yorker. Pour cela il doit intégrer l’université de Northwestern, mais il ne se fait pas trop de soucis. En effet il habite dans une petite ville misérable et dans son lycée le QI des élèves ne vole pas bien haut et il se croit donc très intelligent. Toutefois pour mettre toutes les chances de son côté il décide d’ouvrir un magazine littéraire. Malheureusement, peu d’ados ont une vocation d’écrivains dans ce lycée…il décide alors de tous les faire chanter pour les pousser à écrire.

Carson Philips

Dès le début, Carson nous fait comprendre qui il est : quelqu’un qui sait ce qu’il veut. Il a un grand rêve et il a bien l’intention de l’accomplir. Les lecteurs dans le même cas se reconnaîtront dans le personnage et son discours sur le rêve qui, même inaccompli permet d’exister en touchera quelques-uns. Mais Carson est aussi présenté comme quelqu’un d’assez détestable. En effet, personne ne l’aime au lycée, il critique les idées de tout le monde dès qu’il en a la possibilité. Carson s’estime supérieur à l’entièreté de la population de sa ville. Lors d’une scène il fait un rêve où il accomplit son rêve d’être rédacteur en chef du New Yorker et où il jette un café à la figure de son employée. Il considère ce rêve comme l’objectif à atteindre.

De lui-même, Carson nous avoue qu’il ne s’excuse jamais de rien, qu’il remercie aussi rarement. Il est très loin d’être indulgent et pratique l’art du sarcasme comme personne. Probablement que s’il avait été un personnage secondaire et non le narrateur, on détesterait tous Carson, car on ne saurait rien de ce qui se trouve en dessous. Pourtant cet anti-héros se révèle sensible, il regrette ces chantages et supporte mal d’être détesté, contrairement à ce qu’il affirme au début du roman.

La famille de Carson

La mère de Carson est dépressive et instable depuis le départ de son mari. Elle passe ses journées devant la télé en buvant de l’alcool et en prenant des médicaments. Elle est pour Carson « le modèle même de ce qu’il ne veut pas devenir » Carson ne fait preuve d’aucune indulgence envers elle. Pour publier son magazine littéraire il réussira à obtenir de l’argent d’elle à condition qu’il prenne des anti-dépresseurs. Elle lui révélera d’ailleurs qu’elle cachait des médicaments contre l’hyperactivité dans sa nourriture quand il était enfant. Cette révélation ébranlera Carson.

Le père de Carson est parti, abandonnant sa famille il y a des années de ça. Depuis, il ne s’est montré que deux fois. Au cours du roman, il appellera son fils pour l’inviter à dîner avec sa nouvelle fiancée, qui attend un enfant. Si Carson appréciera la fiancée, il ne supporte pas son père qu’il accuse de l’avoir abandonné avec une mère instable et qui désormais fait semblant d’avoir été un papa cool devant sa fiancée.

La grand-mère de Carson est atteinte d’Alzheimer. Elle vit dans une maison de retraite et Carson lui rend visite tous les jours après l’école. Elle ne le reconnaît jamais et la plupart du temps, Carson s’en sert juste pour parler de ses problèmes. Toutefois, la grand-mère de Carson se souvient de son petit-fils et elle en parle souvent à Carson. Elle se souvient d’une histoire qu’il lui avait écrite quand il était enfant « Il était une fois un garçon » Elle lui avait dit qu’à son avis cela manquait un peu de développement. Alors il lui avait écrit une autre histoire « il était une fois un garçon qui voulait voler dans les airs » Cette deuxième histoire sera comme une parabole de la vie de Carson à plusieurs reprises dans le roman.

Le magazine littéraire

Tout au long du roman nous seront présentés de nombreux personnages secondaires, les camarades de classe de Carson. Chacun fait partie d’un club différent et beaucoup nous feront rire par leur bêtise. Ils nous paraîtront tous superficiels et méprisables, d’autant plus avec les secrets juteux dont Carson se sert pour les faire chanter.

Ainsi, à contre-cœur, tous les élèves écriront un texte, une nouvelle, un essai ou un poème. La force du roman et que si nous lisions ces textes sans avoir lu le reste du roman ils nous paraîtraient particulièrement nuls et bêtes. Si nous lisions le roman sans avoir le droit aux textes de chacun des élèves, nous trouverions les élèves nuls et bêtes. Pourtant les deux combinés nous permettent de comprendre que tous ces adolescents bien qu’idiots en surface avaient au fond tous quelque chose à dire, un certaine profondeur que l’acte d’écriture permettra de révéler.

🙋‍♀️Un exemple : Remy est la rédactrice en chef de l’album de promo. Elle est très désagréable et bien que Carson reconnaisse son intelligence cette activité qui consiste à rassembler des photos et des citations de l’année est sans cesse moquée par sa futilité.

Ainsi, si nous n’avions pas droit à sa nouvelle nous détesterions Remy. Mais il se trouve que cette nouvelle, en passant par une métaphore d’une petite princesse (on t’a reconnue Remy) révèle qu’elle subit une énorme pression de la part de ses parents et que l’album de promo est un moyen pour elle de prouver tout ce qu’elle a accompli.

Le poème d’amour de Nicholas paraîtrait vide de sens si on ignorait que Nicholas est en couple avec un garçon et qu’il sait que sa famille ne le supporterait pas.

L’essai de Claire, la cheffe des pom-pom girls et donc l’incarnation de la superficialité par excellence, est peut-être le plus profond de tout le magazine littéraire nous prouvant que n’importe qui est capable de réflexion dont on ne se douterait pas.

Même le grand imbécile Justin arrive à nous faire comprendre… qu’il est en effet un imbécile mais heureux.

Le roman nous révèle alors le pouvoir de l’écriture : tout le monde a quelque chose à dire, même le plus idiot des idiots. Et l’écriture lui en donne l’occasion.

🖋Note : Bien sûr, certains textes se trouvant dans le magazine littéraire de Carson ne sont là que pour l’effet comique, comme le texte de John Hardy ou celui de Hannah Morgan (qui sont des élèves que Carson ne connaît pas)

La fin

⚠⚠‼☢Si vous voulez lire le livre, arrêtez-vous-en là, car la fin est tellement incroyable qu’il serait criminel de se la spoiler.⚠⚠‼☢

Tout ce que fait Carson n’a qu’un seul but : intégrer Northwestern. Chacune de ses actions sont portées par cette ambition, ce rêve. Carson est toujours dirigé vers l’avenir.

Aussi, après avoir attendu des semaines la lettre d’acceptation qu’il était sûr et certain de recevoir, le choc fut immense quand il apprit qu’il avait été accepté mais qu’il n’avait pas confirmé à temps et qu’il était donc refusé.

Carson n’a reçu aucune lettre.

Il découvrira que c’est sa mère qui a jeté la lettre, pour lui apprendre « la déception » évidemment, Carson est extrêmement en colère (j’ai moi-même détesté sa mère de tout mon cœur à ce stade de la lecture)

Il s’enfuira et ira passer une soirée au bord de la mer, seul, pour réfléchir.

À son retour, il aura décidé de prendre ça avec philosophie. Il expliquera qu’il intégrera la première année l’université minable de sa ville minable (Carson nous explique à quel point il déteste cette ville du début à la fin du livre)

Carson nous dira que malgré tout, il continuera à rêver, à espérer remplir son rêve, car sans ces rêves, même inaccomplis il ne peut pas vivre. Il enverra tous les invendus du magazine littéraire à la maison de retraite où est internée sa grand-mère. Il finira en disant qu’il rentre chez lui, qu’il va y avoir de l’orage.

Le dernier chapitre est un article de journal (hommage à Carson dont la passion était le journalisme) rapportant la mort d’un lycéen sur le parking du lycée, frappé par la foudre. Cette fin fera également l’effet d’un choc électrique au lecteur, et c’est totalement sonné qu’il lira les témoignages de tous les professeurs et des camarades de Carson, rapportant qu’il était adorable et que tout le monde l’aimait (hypocrisie ?) La mère de Carson dira que la foudre étant une charge négative elle espère que Carson était très positif, très heureux au moment de sa mort et que c’est pour ça qu’il a attiré la foudre.

La mort d’un personnage qui a répété tout au long de son histoire que sa vie avait été nulle jusque-là mais que l’avenir lui réservait le meilleur fait un choc, d’autant que par une tragique ironie Carson répétait sans cesse, sur le ton de l’humour, que le parking du lycée était un endroit très dangereux et qu’il y risquait sa vie tous les jours.

Que nous dit cette fin ? Elle nous dit que ce sont les rêves qui nous rendent heureux, pas forcément leur réalisation. La vie de Carson était nulle, personne ne l’aimait, la ville dans laquelle il habitait était minable. Et pourtant, il arrivait tout de même à avoir des pensées positive en pensant à l’avenir. Et ce sont ces pensées qui sont importantes, et non l’avenir en soi.

Conclusion

Struck n’est pas le meilleur roman du monde. Toutefois il nous délivre des messages forts et beaux sur le rêve, l’écriture et la complexité notamment, dans un monde de bêtise et de laideur (et en plus c’est hyper drôle, lisez-le)

Un article écrit par: Mélisse🐝
Sources: Le livre « Struck comment foudroyer sa réputation en éclair » aux édition Michel Lafon (titre original: Struck by lightning)

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